[Lettre de Victor Hugo à Adolphe Mathieu]

Abstract

Adolphe Mathieu est né à Mons en 1804. Littérateur, bibliothécaire et publiciste (au sens d’écrivain qui s’occupe de politique), il est exclu de l’Université de Louvain pour avoir rédigé une ode sur la mort de Lesage-Senault, son grand-oncle maternel, dans laquelle il fait l’éloge du régime républicain. Il poursuit ses études de lettres à l’université de Gand. Il est nommé, en 1840, bibliothécaire à la Bibliothèque communale de Mons. Polémiste ardent et caustique, il publie de nombreux pamphlets qui attaquent la politique du parti catholique qui se trouve être à la tête de l’administration montoise. Ses opinions libérales vont déplaire et lui faire perdre son poste de bibliothécaire en 1844. Il quitte Mons pour Bruxelles. En 1852, il entre à la Bibliothèque royale de Belgique comme conservateur-adjoint. Il est nommé, en 1864, conservateur du Cabinet des manuscrits dans la Classe des Lettres. Il sera mis à la retraite en 1873. Il a encore été vice-président de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut dès sa fondation en 1833 et membre effectif de l’Académie royale de Belgique dès 1863. Conseiller communal d’Ixelles de 1860 à 1872, il décède en 1876. Comme tous les érudits montois de la période romantique, Mathieu s’est intéressé au musicien Roland de Lassus, né à Mons en 1532 et décédé à Munich en 1594. En 1838, il publie un long poème intitulé « Roland de Lattre ». En 1840, il projette de publier une deuxième édition de cette œuvre et d’y ajouter une biographie en prose du musicien. Profond admirateur de Victor Hugo, il écrit, le 15 mai 1840, à l’écrivain pour lui demander quelques vers pour sa préface. La prose de Mathieu n’a pas eu l’air de plaire au poète qui lui répond poliment que l’auteur de ces vers fera aussi bien que lui. Adolphe Mathieu, très fier de la réponse de Victor Hugo, décide de publier celle-ci dans la deuxième édition de son poème consacré à Roland de Lattre. Cependant, l’autographe original de Victor Hugo nous est parvenu grâce à Mathieu qui l’a fait insérer, en regard du texte imprimé de la lettre, dans un exemplaire du « Roland de Lattre », imprimé à Mons en 1840, par l’imprimeur Piérart. Il fait, également, relier celui-ci par Idelphonse-Louis Masquillier, considéré comme un des meilleurs relieurs romantiques. Entre 1841 et 1842, il offre cet exemplaire, véritable objet de bibliophilie, à la Bibliothèque communale de Mons (future Bibliothèque centrale de l’Université de Mons), alors qu’il en est encore conservateur. (Christine Gobeaux)