Les plans et profils des principales villes et lieux considérables du comté de Hainaut

Abstract

Sébastien Pontaut de Beaulieu (1612-1674) est entré très jeune au service du roi. Ingénieur militaire, géographe et maréchal de camp, il s’illustre dans de nombreuses batailles. À la demande de Louis XIII, il commence à graver des vues de batailles vers 1642. Ses premières planches sont distribuées par des libraires puisqu’il est retenu sur le terrain des opérations. Sa participation à de nombreux sièges lui vaut de multiples blessures dont la perte de son bras droit. Beaulieu nous a laissé deux œuvres importantes : sa série de 14 petits atlas oblongs, « Plans et profils » ou « petits Beaulieu », et un atlas in-folio à la gloire des conquêtes du roi ou « Grand Beaulieu ». Pour réaliser ses petits atlas, Beaulieu reprend le modèle de Christophe Tassin. Cet ingénieur-géographe du roi avait transposé la méthode des ingénieurs royaux qui consiste à dresser pour chaque province des plans de ville et des cartes de gouvernement dans sa série de « Plans et profils ». À la différence de Tassin, Beaulieu ne traite que les régions frontalières de la France, et plus particulièrement les zones de conquêtes de Louis XIV. Les « petits Beaulieu » posent un problème de datation : aucune indication ne figure sur les pages de titre. Mireille Pastoureau estime que la plupart ont été réalisés aux environs de 1668. L’atlas consacré au Hainaut s’intitule « Plans et profils des principales villes et lieux considérables du comté de Haynaut avec la carte générale et particulière de chaque gouvernement ». Le comté de Hainaut englobe à cette époque une série de villes aujourd’hui françaises. Composé de 37 planches, il débute par une carte du comté de Hainaut. Il combine harmonieusement des cartes de gouvernement (Mons, Saint-Ghislain, Beaumont, Chimay…), avec des plans de ville (Mons, Saint-Ghislain, Ath, Mariembourg, Valenciennes…) et des profils (Mons, Valenciennes, Chimay…). Selon Mireille Pastoureau, cet atlas a connu trois éditions avec, pour certaines localités, des cartes et plans nouveaux qui s’ajoutent ou se substituent aux éditions précédentes. Pour représenter Mons, deux plans différents vont se succéder. Dans la première édition, le plan de Mons est signé du monogramme DR, pour le graveur Jean-Baptiste Hamont, sieur Desroches (1645-1693). Ingénieur militaire, Desroches avait épousé la nièce de Beaulieu et grava plusieurs planches pour les « petits Beaulieu ». Ce plan de Mons, à l’échelle de 150 toises (1 toise vaut 1,94 m), est schématique. Il présente uniquement le contour de la ville délimité par ses fortifications, l’intérieur étant vide. Les cours d’eau – la Haine et la Trouille – sont également représentés. Dans la deuxième édition de l’atlas du Hainaut, le plan de Mons, signé par Loisel, graveur à Paris, et par Desroches [DR], présente la ville au moment où elle est assiégée par Louis XIV. Il est plus détaillé : les bâtiments dessinés à l’intérieur délimitent les rues. À l’extérieur de la ville, l’auteur a représenté toute la défense par les zones inondables ainsi que le canal creusé par les Français pour détourner la Trouille. Une légende situe l’emplacement des portes, l’entrée et la sortie de la Trouille, les batteries et les attaques. L’influence des pratiques militaires en matière de cartographie se fait sentir à travers des éléments comme la boussole qui indique l’orientation, les flèches qui donnent le sens des cours d’eau, l’échelle graphique et les nombreux toponymes qui complètent l’information. Le modèle de ce plan n’est plus une vue à vol d’oiseau mais bien un plan géométral où certains bâtiments figurent même en grisé. Dans chaque édition de l’atlas du Hainaut, le plan de Mons est précédé d’une carte du gouvernement qui situe Mons dans son environnement immédiat. Ce plan est également suivi d’un profil de la ville gravé par Adam Pérelle (1638-1695). Ce profil présente la cité vue du sud-est depuis la porte de Nimy jusqu’à la porte de Bertaimont avec des bastions aux portes de Nimy et des Guérites. Il s’inspire du panorama paru dans l’atlas de Braun et Hogenberg en 1572. Il est rare de trouver des représentations des villes sous forme de profils chez les éditeurs français. Cependant Beaulieu a recours à ce modèle qui plaît particulièrement au grand public curieux de visualiser les villes conquises par Louis XIV. La bibliothèque centrale possède dans ses collections deux petits atlas de Beaulieu consacrés au Hainaut. L’un des deux (1601/112) a pour particularité d’être relié avec « Les plans et profils des principales villes et lieux considérables du duché de Cambrai » qui n’est pas complet. (Christine Gobeaux)