[Registre des procès-verbaux de la Société des Agathopèdes]

Abstract

La Société pantechnique et palingénesique des Agathopèdes est créée, à Bruxelles, en 1846, par un groupe de littérateurs potaches et gourmands. Agathopèdes signifie « bons enfants » ou selon les initiés « bons pieds », sous-entendu de cochon. Le mot de ralliement des initiés est « Amis comme cochons » et leur devise « Tout pour un canard ». Les adhérents de cette société se réunissaient périodiquement pour se livrer à de nombreux jeux et canulars ou encore proposer des concours burlesques, des questions à résoudre et distribuer des prix et des médailles. Émile Hublard, lorsqu’il publie ses souvenirs montois, évoque quelques mystifications que l’on doit au secrétaire René Chalon (alias comte de Fortsas) surnommé Goupil le Renard. Les membres de cette société portent des noms d’animaux puisés dans le « Roman de Renart » : Goupil le Renard, Tybert le Chat, Bernard l’Âne,… Leur président porte le titre de Sa Transcendance, le Grand Maître des Ordres de l’Huître d’or et du Porc d’argent et est baptisé le Pourceau. La Société des Agathopèdes parodiait les rites maçonniques en s’étant pourvue de statuts ultra secrets, de costumes et de signes distinctifs. La Société mère de Bruxelles se nomme la Ménagerie et les sociétés affiliées en province des Cages. En 1847, la Cage de Mons qui prendra le nom de Cage bleue est créée. Nous savons peu de choses sur cette Cage qui ne survécut pas à la mort de son président l’avocat et juge Camille Wins (1803-1856). D’autres personnalités comme l’imprimeur Emmanuel Hoyois (1799-1887), le secrétaire communal Hippolyte Rousselle (1809-1868) ou le bibliophile et numismate Renier Chalon (1802-1889) en faisaient partie. Le registre des procès-verbaux de la Cage bleue a été conservé dans la famille de Camille Wins. Un de ses descendants a remis celui-ci à Maurice-Aurélien Arnould qui l’a déposé en 2002 à la Bibliothèque centrale de l’Université de Mons. Dans ce registre, figurent le règlement de la Société, des articles additionnels aux constitutions agathopédiques, le Rituel ainsi que des extraits du Bulletin des lois de l’ordre des Agathopèdes. Ce manuscrit a permis d’éclairer le fonctionnement de la Ménagerie et de sa filiale, la Cage de Mons. (Christine Gobeaux)